Juin 1967
Un couple braque une bijouterie. Elle – elle s’appelle Helena – fait partie de ces femmes qui risquent leur vie par amour. Lui – un certain Tom – parvient à s’échapper. Pas elle. On ne s’échappe pas de l’amour.
16 novembre 1967
Quelques mois plus tard, au fond d’une cellule étroite de la prison de femmes connue sous le nom de « La Petite Roquette », naît une petite fille, Angèle.
1973
Sous l’œil d’Angèle, la Petite Roquette disparaît silencieusement dans le vacarme des engins de chantier et laisse place à un quartier résidentiel. Une tour, un toboggan, un square. Désormais, plus rien n’atteste de la vie de ces femmes prisonnières, de la vie de sa mère, ni de son passé trop rempli de questions.
2007
Angèle a 40 ans. Le temps où les questions qui s’accumulent doivent trouver une réponse. Le temps où les chagrins doivent trouver une consolation. Car la mère d’Angèle est morte et il lui faut comprendre pourquoi elle n’a jamais su être pour elle la « maman » tant attendue, tant désirée.
Dans ce premier roman remarquablement bien écrit, Julie Perrignon explore les chagrins, enfouis ou à vif : le chagrin de ne pas savoir qui l’on est, le chagrin de ne pas se sentir aimé par la « maman », le chagrin d’avoir perdu Mila, la grand-mère.
Ils sont nombreux ceux qui, pour Angèle, se confessent et viennent tisser l’histoire d’Helena, de sa joie de vivre, de son amour, de sa folie, de sa vie brisée. Reste pour Angèle à recoller les morceaux de ce puzzle intime parfois obscur et profondément douloureux. « Angèle […] vous êtes l’enfant du désordre, cela s’entend, vous ne parlez pas bien fort. Vous devez être floue même pour ceux qui vous voient ».
Quatre personnages gravitent autour d’Angèle et vont l’aider à parcourir le chemin de cette quête identitaire qui nous obsède tous : Mila, la grand-mère aimante, Victor, le vieux journaliste aujourd’hui aveugle, Tom, le père inconnu. Et même Helena, par son absence, par les destins marqués qu’elle laisse derrière elle.
C’est en saisissant le passé qu’Angèle peut espérer comprendre son présent et prendre les rênes de sa vie. Une question se pose alors : pour aller où ? Seule Angèle le sait car « où part-on quand on s’enfuit, sinon là où on rêvait d’aller ? ».
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